BOU-ARADA était ce qu'on appelait un village de colonisation . C'est à dire un des centres créés de toute pièces à l'arrivée
des français quand à l'intérieur du pays, il n'existait pas d' agglomération pour les accueillir .
Les terres au milieu desquelles fut implanté BOU ARADA constituaient à l'origine un "henchir" (domaine) de 7000 hectares
confisqué par le bey, dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, à des tribus récalcitrantes, les Riah, et attribué à l'un de
ses partisans . Lequel ruiné pour avoir mené grand train, le revendit successivement à deux sociétés financières françaises
après l'établissement du protectorat : la deuxième, en 1892, eut comme administrateur un descendant du maréchal NEY,
Napoléon NEY . ( " les oies sauvages " Geneviève GOUSSAUD )
Ensuite celui ci vendit cette grande propriété à Mme TAINE ( femme du philosophe). Elle acheta cette propriété pour soustraire
son fils à la vie dissolue, à la noce effrénée qu'il menait à Paris pensant que loin des tentations de la grande ville il pourrait
mener une vie calme et paisible dans le "bled". Ce en quoi elle se trompait, car il eut vite fait de découvrir Kheredine, petite
plage à coté de Tunis, ou se trouvait un casino ( il s'y jouait un jeu d'enfer ). Il recommença la même vie qu'à Paris, jusqu'au
jour ou il se ruina. (
Lhospital Robert extrait d'une lettre adressée à Geneviève Goussaud )
En 1907, La direction de l'agriculture acheta 3 000 ha de ce domaine et les divisa en 26 lots de 100 ha en moyenne. Les
premiers acquéreurs qui arrivèrent dans la région, reçurent l'hospitalité de Mme TAINE, au bordj , en attendant de
construire une habitation sur leurs terres .( "Les oies sauvages" Geneviève Goussaud-Falgas )
Les premiers colons s'installèrent : Messieurs GOUSSAUD SERVAT, FERRAND, CUSSAC, MAZET, VIDAL et
autres....
Peu à peu les agriculteurs s'installèrent dans des conditions fort difficiles, pas de maison, pas d'eau, ni docteur, ni pharmacien etc...;
Les champs étaient envahis de " jujubiers"( buissons épineux tes difficiles à détruire ) .
Lentement ils réussirent à défricher quelques parcelles, qu'ils labourèrent avec des boeufs et ensemençaient .
Leurs premières récoltes furent très médiocres ; Animés d'une grande passion et d'une extraordinaire volonté, ils réussirent à s'installer
. LES PIONIERS
Monsieur SERVAT Jean l'un des tout premiers, installé en 1907; il exploitait une ferme de 220 ha, pratiquement toute la surface
était consacrée aux oliviers . Il avait de plus, une location de 300 ha, destinés aux céréales . Monsieur SERVAT, installa
rapidement sur sa propriété une grande huilerie . Toutes les olives du village et des communes avoisinantes étaient triturées .
La campagne débutait début novembre et se terminait fin février, début mars . Des chevaux ou mulets tournaient inlassablement,
les yeux bandés par équipe de trois . Ils tiraient deux grosses meules de pierre qui écrasaient les olives .Ce manège durait
nuit et jour, sans arrêt, sept jours sur sept . Les ouvriers et les chevaux se relayaient .De suite , outre ses qualités d'agriculteur,
Monsieur SERVAT s'attacha à l'essor du village . Président de l'association des colons, membre de la chambre d'agriculture,
membre de nombreux conseils d'administration, il obtint rapidement les crédits pour la construction de l'internat (1929-1930) et de
la salle de réunion ( salle des fêtes en 1932 ) . Il prit l'initiative de construire " La brasserie"(bar,hôtel,restaurant) puis une
pharmacie, un atelier garage, des magasins, etc....puis enfin la gendarmerie . IL était propriétaire de tous ces bâtiments .
Toutes ces implantations permirent un essor rapide de BouArada
Monsieur MOULIN Albert, installé en 1911, exploitait, aidé de ses trois fils, un domaine de 900 ha dont 800 ha cultivables .
C'était une exploitation modèle, qui faisait l'admiration de toute la région . S'y côtoyaient de nombreuses
plantations (9 ha de vigne, 3 ha d'arbres fruitiers, nombreux oliviers,etc...).
Un important troupeau de bovins,ovins, complétait l'exploitation .
En plus de ses activités professionnelles, Monsieur MOULIN occupa de nombreuses fonctions dans divers conseils d'administration
(crédit,assurances,coopératives ).Il fut longtemps le président de la caisse locale du Crédit Agricole
Je me souviens, lorsque, jeune agriculteur, sollicitant un prêt, j'arrivais chez lui, mon dossier sous le bras .
Avant de prendre connaissance des chiffres, il vous regardait intensément, vous intimidant quelque peu . Mais son regard "inquisiteur"
semblait vouloir s'assurer du sérieux du "demandeur" .Puis peu à peu, vous ayant sans doute jugé, un petit surir encourageant pointait
au coin de ses lèvres . Son regard clair devenait malicieux, voire affectueux tout semblait indiquer qu'il avait compris .
Je repartais rassuré .
Mr MOULIN fut, comme bien d'autres un grand agriculteur et surtout un exemple pour tous .
Guy Vallin
Quelques années en Afrique du Nord
A nos parents et Grands-Parents
SERVAT MAUREILLOU Barthélemy est originaire de Biert petit bourg de l’Ariège rattaché au Canton de Massat . Ce pionnier arriva très jeune au Tarf en Algérie avec son père Jean et sa mère Ernestine Blesval. Mais après quelques années il quitta l’Algérie avec son épouse SEGURA Françoise et ses enfants et rejoignit Bou-Arada ou il retrouva un autre grand pionnier son cousin SERVAT Jean .
Ce petit monde s’installa sur les propriétés de Bou-arada ‘ Henchir El Mehrig ‘ et à Djelida ‘ El Merif ‘.
Les aléas de la vie attristent la famille avec le décès de SERVAT MAUREILLOU Barthélemy et quelques mois plus tard avec le décès de SERVAT MAUREILLOU Edmond à l’age de 23 ans et qui débutait sa vie d’adulte.
Ensuite le départ de SERVAT MAUREILLOU Robert de son épouse GREITHER Albertine et des jumelles, qui s’installerent à La Goulette pendant plusieurs mois, avant de revenir à Djelida sur la ferme ‘El Merif ‘.
SERVAT MAUREILLOU Barthélemy ( Mimi ) et son épouse Josette ROUCHE sont installés sur la ferme ‘Henchir El Mehrig ‘
SERVAT MAUREILLOU Honestine suit son époux LAURENT Raymond, fonctionnaire de Police au gré de ces diverses affectations.
Edmond, Edmonde, Gislaine, Guy, Jacqueline, Nicole, William SERVAT
Christian, Claude, Jacques, Michel et Serge LAURENT
Cliquez sur les images pour les agrandir Extraits du" Livre d'or de l'agriculture en Tuninisie
De nouveaux venus , soit de France mais plus souvent d'Algérie, arrivèrent ensuite .
Vers 1920,la Direction de l'agriculture créa le lotissement d'AÏN KSYL Ce lotissement, permit l'installation d'une trentaine de colons .
Mais ils eurent la malchance de tomber sur deux années successives de grande sécheresse . Une bonne moitié d'entre eux,
découragés,
préféra abandonner . Puis , en 1926, le lotissement de KSAR BOU KRISS, région proche du Djebel Mansour située à 20 Km
de Bou arada fut créé .
Toutes ces terres avaient été achetées d'une manière régulière soit auprès de grandes sociétés, soit auprès d'agriculteurs Tunisiens
volontaires pour vendre. Aucun d'entre eux n'avaient été spoliés, certains même ont continué à exploiter leurs terres en bonne entente
avec leurs voisins colons .
Ces deux lotissements avaient permis l'installation d'une quarantaine d'agriculteurs .
Les terres étaient de bonne qualité mais parfois les pentes étaient très Sévères. Les parcelles, difficilement défrichées, étaient
encadrées de magnifiques forêts de pins d'Alep .
Les grandes difficultés du défrichement écoeurèrent bon nombre d'agriculteurs . Beaucoup partirent; ce qui entraîne une sélection naturelle.
En effet, les agriculteurs de ces lotissements se caractérisent par une grande volonté, par un attachement extraordinaire à leurs terres .
Ils étaient presque isolés du monde .
Le village de Bou Arada se trouvait à 10 ou 15 km et même plus pour certains. Il n'y avait ni épicerie, ni boulangerie, et encore moins de
médecin ou pharmacien.
L'entraide était formidable et le sens de l'amitié très développé .
Beaucoup de ces familles étaient des familles nombreuses . Beaucoup d'enfants qu'il fallait mettre en pension très jeunes . Mais leur joie de
vivre était grande .
(
Nicole JEAN "UNE ENFANCE TUNISIENNE")
Pierre CASTOR : Pierre CASTOR (°1880, Trémouilles ; + 1938, Le Bardo) est le fondateur de la branche CASTOR de Tunisie. Après avoir suivi les cours de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Rodez, il a émigré en Tunisie vers 1902-1904. Pierre CASTOR a épousé Rosalie CAVASINO en 1906 (photo). Ce couple a eu 5 enfants (René, Louis, Juliette, Henri et Marie-Thérèse). Pierre et Rosalie sont les grands-parents maternels de Georges. Pierre CASTOR a été successivement instituteur et receveur des postes à Schuiggui et Massicault, puis agriculteur à Bou-Arada (Tunisie). (extrait du site généalogique d'Aline GILARDI et de Georges GANDER) | |
Alphonse ALLAMAND acheta son lot de 130 hectares au lieu dit Djebel Mansour qu'il baptisa " Enchir Savoyard "
suivant acte administratif du 29 novembre 1926
En 1941 il achetait le lot voisin de sa propriété
de 165 hectares de superficie ainsi son fils Julien continua d'exploiter le premier lot et Etienne exploita le second .
Livre d'or de l'agriculture Ksar bou Kriss
Tous les lots occupés ont permis ainsi à BOU ARADA et ses environs de connaître un très grand essor.
Grâce à l'opiniâtreté de nos " pionniers " , le village de BOU ARADA était créé . Puis, des commerçants, des artisans, des fonctionnaires
vinrent s'installer .
Mais que de peine, de sueur, il a fallu dépenser .
Ont été construits une poste, une église, la maison des colons, des silos, un important dépôt de carburants . Mais l'implantation d'un internat
à été primordial dans l'essor de BOU ARADA . Il attira en effet un grand nombre d'élèves des communes avoisinantes
( EL AROUSSA, LE GOUBELLAT, PONT DU FAHS et GAÂFOUR ) .
Ont suivi l'implantation de la Recette des Impôts, des Travaux Publics, des services agricoles, d'une pharmacie, de la Gendarmerie
puis de l'Hopital-Dispensaire.
Au recensement de 1946 BOU ARADA avait une population de 1820 habitants dont 253 européens.
Guy Vallin
Liste des colons de Bou Arada et schéma des lotissements
ORIGINES DU NOM BOU ARADA
Le nom qui fut donné à ce petit centre -Bou arada- semble provenir du nom de l'oued qui traversait
la plaine : en effet, le soldat Sylvain Darnaud, traversant la région avec l'armée de la conquête en
octobre 1881, écrit " Quand le convoi traverse la plaine arrosée par l'oued Bou arada ......"
Par ailleurs, l'étymologie expliquée par Athur Pellegrin avance une hypothèse : "... la plaine du
grand lion", Bou, devant un nom d'animal signifiant grand (et non père), et arad signifiant lion
en phénicien .
Bou arada est-il simplement un dérivé de souk el rhad (Souk du dimanche) ?
Il reste que le nom proposé pour nommer le nouveau centre, mais que le nom local a été préféré par
les administrateurs ou conseillers français de la région .
( " Les oies sauvages" Geneviève Goussaud-falgas )
D'apres cet extrait du mémoire du Dr FARHANI Allala année 1991 ou il fait allusion à l'arc de triomphe du bordj : ( En 184 Av J.C. l'Empereur Commode a construit une ville qu'il appela ARADIS . Les vestiges de cette époque qui sont en place sont les arcs de triomphe . Donc , pendant la période antique, BOU-ARADA était un village agricole qui a disparu et ne subsistait plus que quelques vestiges dont l'arc de triomphe .
Mon père m'avait appris que le nom de BOU-ARADA venait de :
"Bou" qui est une variante de "abou" qui veux dire "le père" que l'on retrouve fréquement dans les patronymes et de "arada"qui vient de "ar-Raad"qui veux dire "le tonnerre" .
J'ai souvenir que le tonnerre y grondait tres souvent les jours de temps orageux et ce patronyme lui convient très bien .
Yvon ALLAMAND